Station d'émission-réception expérimentale           F6CRP   IN96KE        46°11'02" N  - 1°09'57" W


l'Atlas 210 X 


Version 01 - 20/10/2007

F6CRP

 

 

 

Présentation:

L’Atlas 210X est un transceiver conçu et produit aux Etats-Unis vers la fin des années soixante-dix pour une utilisation essentiellement mobile ce qui a conduit ses concepteurs à un certain nombre de choix et raccourcis. Mais avant de décrire cet appareil un petit détour historique s’impose, le monde de l’émission d’amateur de cette époque était petit et un cercle restreint d’ingénieurs, par ailleurs radioamateurs passionnés, passaient de bureaux d’études en bureaux d’études. Ils y laissaient leur empreinte, bien naturellement, tout en acquérant aussi la culture de l’entreprise dans laquelle ils oeuvraient. Nous avons déjà cité le cas de Mike Elliott qui avant de travailler pour Drake était chef-ingénieur chez Heathkit, nous allons nous intéresser à H.G Jonhson W6QKI.
Herb est né en 1920, en 1961 il fonde Swan Engineering qui deviendra plus tard, Swan Electronics. Il a donné ce nom à son entreprise en hommage à son père Swan Johnson, d’origine suédoise et dont le prénom Sven avait été immédiatement anglicisé en Swan. Dans les années de pleine croissance, la production des transceivers Swan atteindra 400 appareils par mois, le nombre de 80 000 transceivers produits circule, cette valeur est à rapprocher du recordman toutes catégories, le FT101 qui sera produit à 300 000 exemplaires. Pour faire face à ses besoins de trésorerie pour son développement, Swan s’associe à CUBIC Corporation en 1967.
En 1974 Herb fonde Atlas Radio, cette enseigne sera réputée pour ses transceivers transistorisés compacts. Il recevra le renfort d’un autre radioamateur, ZL1AAX, Les Earnshaw qui le secondera dans la conception des modules de l’ATLAS 180 qui seront réutilisés pour les 210/215. Les Earnshaw sera plus connu pour avoir créé Kachina, quand on vous disait que le monde était petit…
En 1995 Herb eut l’idée de faire renaître de ses cendres Atlas en concevant un nouveau modèle, le 400X. Pour financer les études et lancer la production, il fit appel au monde amateur sous forme d’une souscription qui remporta un certain succès. Hélas l’affaire capota car, de son propre aveu, il fut confronté à une myriade de problèmes qu’il ne pût résoudre simplement. Les deux cent cinquante souscripteurs ne furent pas remboursés et Herb s’éteignit en 2000 en laissant cette mauvaise impression imméritée

 Description de l’Atlas 210 X :

 
On a affaire ici à un transceiver décamétrique couvrant les bandes 80/40/20/15 et 10m (28,4 à 29,4 MHz), pour cette dernière partiellement. Il peut transmettre en SSB/CW. Il est entièrement transistorisé, de dimensions compactes (24 x 9 x 24 cm), de masse réduite, environ 3 kg, le refroidisseur du PA qui occupe la partie arrière de l’appareil est totalement apparent et présente quelques angles aigus. Il est naturellement alimenté en 12V continu, Atlas vendait une console d’accueil composée d’une alimentation secteur (non régulée pour la partie puissance) et d’un ensemble HP et connectique. La consommation est très raisonnable puisqu’elle ne dépasse pas 500 mA en réception et 16 A en émission.

Sur le synoptique, on peut examiner l’architecture de cet appareil. Partant de l’antenne, le signal traverse un premier filtre passe-bas qui est également utilisé en émission, puis atteint les circuits passe-bande commutés. Il est routé vers le premier mélangeur qui voit en outre le signal d’oscillation locale pour produire une FI sur 5520 kHz. Le mélangeur est suivi d’un étage FI faible bruit équipé d’un 2N3866 et qui attaque le filtre à quartz en échelle à huit pôles. Ce dernier possède d’excellentes caractéristiques (facteur de forme entre –6 et –60 dB = 1,59), la publicité de l’époque faisait largement appel à cet argument pour vanter les mérites du 210X. Le signal est ensuite amplifié par un très classique MC1350P, décidément ce circuit issu de la télévision aura été utilisé par tous les constructeurs. Il est chargé par un circuit accordé en sortie, un deuxième enroulement permet d’injecter les signaux FI vers le deuxième mélangeur. Que ce soit le premier ou le second mélangeur, ces derniers sont équipés de banales 1N4148, ils sont réversibles et utilisés dans la chaîne émission. Le second voit donc en réception la FI sur 5520 kHz et l’oscillateur de porteuse, ce qui produit en sortie les signaux BF attendus. Ceux-ci sont amplifiés par un premier étage équipé d’un CA3086 qui excite lui même l’ampli de puissance. Comme on peut le constater, pas de composant exotique, aujourd’hui encore on peut facilement les acquérir.
Le CAG est tiré de la BF, ce n’est certainement pas la meilleure idée qu’aient eue W6KQI et ZL1AAX, ce choix est par ailleurs assez étonnant quand on voit avec quel soin la partie réception a été traitée. 
Les oscillateurs de porteuses sont commutés pour les bandes latérales inférieure et supérieure. Un calibrateur 100 kHz, comme il était de coutume à cette époque est disponible et est injecté au niveau des filtres passe-bande

En émission, partant du microphone, on trouve un ampli micro (CA3086) qui attaque le premier mélangeur (déjà utilisé en réception) qui voit également l’oscillateur de porteuse (5520 ou 5523,3 kHz). Il en résulte de la DSB qui sera amenée au niveau suffisant par un 2N3866 (1ère FI en RX) avant de rejoindre le filtre à quartz 8 pôles. Le signal SSB est amplifié par le MC1350P qui faisait office de 2ème FI en réception avant de rejoindre le second mélangeur. Ce dernier mélange l’OL et le signal FI de manière à produire la SSB ou CW sur la fréquence voulue, le signal passe ensuite dans un filtre avant de parvenir à la chaîne d’amplification composée de trois transistors de moyenne puissance avant d’exciter le PA formé à partir de CTC CD2545. Le signal traverse le filtre passe bas pour parvenir à la sortie antenne. La commutation émission réception est réalisée par un relais très classique tandis que la commutation de l’OL et de l’oscillateur de porteuse est électronique et effectuée par des FET. 



Le PA est pourvu d’une protection en cas de désadaptation forte, la tension réfléchie, prélevée sur le système de couplage est redressée puis doublée et filtrée et envoyée vers un transistor qui va réduire le gain du premier étage de puissance. L’appareil est également doté d’un ALC, le seuil en est réglable depuis la face avant.
Ce transceiver fait appel à une réalisation modulaire, les cartes sont enfichées verticalement dans des connecteurs d’excellente qualité dotés d’une pression de pincement assez importante. N’oublions pas que la vocation première du 210X est le mobile, il a été conçu en conséquence pour résister aux sollicitations mécaniques liées à l’usage. Quand on ouvre un 210X, on constate que la fabrication est soignée, l’ensemble donne une impression de robustesse, l’accessibilité aux modules comme sur tous les appareils utilisant cette configuration est forcément moyenne, il faut prévoir des extensions de connexion pour dépanner in situ. Cet appareil n’utilise pas de composants étranges et introuvables, son éventuel dépannage en est largement facilité. Côté arrière de l’appareil, on notera l’astucieux détrompeur d’alimentation puisque la masse se fait par une fiche banane mâle et les « plus » par des fiches du même type mais femelles. Il est bien spécifié les « plus », ceux-ci sont au nombre de deux, l’alimentation de la partie puissance étant séparée ce qui permet d’injecter ici une tension non régulée comme c’était le cas de l’alimentation portable vendue par Atlas. On trouve en outre les entrées ou sorties pour le manipulateur, le HP extérieur, le microphone, une SO239 pour l’antenne et deux supports 9 broches. L’un pour permettre la connexion d’un oscillateur extérieur permettant l’émission/réception sur des fréquences pilotées quartz, et l’autre, noté « Auxilary », fournissant très classiquement quelques tensions utiles (+Vcc, ALC, AF) et l’accès au relais de commutation émission/réception.
La documentation comme il était de coutume à l’époque a été conçue pour permettre à l’heureux propriétaire de se dépanner, elle est extrêmement bien faite, on s’y repère très vite. 
Différentes options étaient disponibles, citons la console d’accueil (2200 CS AC) intégrant une alimentation secteur, un HP et divers accessoires, un boîtier oscillateur extérieur (Atlas 10X) permettant d’utiliser dix fréquences pilotées quartz, le MT1, un transformateur d’adaptation pour antenne mobile, le VOX VX5 à installer dans la console 220CS, et un compteur, le DD-6B permettant un affichage digital de la fréquence.
Un autre appareil identique en tous points, l’ATLAS 215X de distinguait du 210X par la suppression du 10 m au profit du 160 m.

En exploitation :

A la lecture de ce qui précède, on aura noté que cet appareil a été conçu avec soin plus particulièrement pour ce qui concerne la partie réception. Aucune amplification avant le premier mélange, mélangeurs passifs à diodes, filtrage efficace (filtre passe-bas + filtres de bandes), filtre à quartz de qualité, un seul changement de fréquence, tous les ingrédients étaient présents pour réaliser un bon récepteur. A titre indicatif, observez le synoptique d’un K2, même si ce dernier bénéficie de composants plus modernes, l’architecture est quasiment identique. Donc l’Atlas 210X est doté d’un récepteur bien pensé, il était assez atypique à sa sortie face à ses concurrents japonais qui affichaient certainement une plastique plus flatteuse mais des qualités dynamiques très en retrait. 

Sur la face avant on trouve sur la partie gauche le gain BF placé à côté du gain FI (noté «  RF gain »). Un interrupteur à bascule permet de diminuer l’intensité de la lampe cadran en insérant une résistance en série dans l’alimentation de cette dernière. La commande du CV du VFO est confiée à un bouton de bon diamètre, la commande est douce et précise. L’affichage de la fréquence est réalisé à l’aide d’une jante plastique et la démultiplication par un système à ficelle, il est vivement recommandé de manipuler, lors des opérations de maintenance, cet ensemble avec délicatesse sachant qu’il est probablement introuvable de nos jours. 

On peut noter une différence de calibrage entre les différentes bandes, c’est la raison pour laquelle la commande « Dial set » a été placée sur la face avant. Ce bouton agit sur le VFO, pour calibrer, on amène l’affichage à 0 ou à un multiple de 100, calibrateur en route et l’aide de la commande « Dial set », il suffit d’effectuer le battement nul. Ce réglage est à reprendre à chaque changement de bande sauf à tolérer un léger décalage ce qui est tout à fait acceptable.

Les bandes latérales sont commutées automatiquement par le changement de bande, toutefois il vous reste la possibilité, moyennant l’action sur un inverseur d’écouter et transmettre en bande inversée.

Le gain micro est lui aussi placé en face avant, une couronne extérieure agit sur le réglage d’ALC. Complètement à gauche, l’ALC n’agit plus, complètement à droite il est très agressif, une valeur médiane semble convenir à la majorité des cas. La commande de gain micro permet en CW d’ajuster le niveau de puissance, ce qui est très commode.

Le Noise Blanker est apparu plus tardivement dans la production, on peut trouver sur le marché certains appareils non pourvus de la commande. Cette fonction est d’ailleurs à utiliser avec parcimonie, on s’aperçoit vite sur 40m le soir qu’un réglage trop poussé du NB provoque de l’IMD à un point insupportable.

Le dernier commutateur de la face avant permet dans l’ordre, de mettre sous tension l’appareil, d’enclencher le calibrateur. La position médiane notée « REC » comme son nom l’indique est la position réception, le PTT ou le vox optionnel sont actifs dans cette position, la position « TRANS » est un passage manuel en émission si vous n’avez pas de PTT sur le micro, enfin la position « CW » permet le trafic dans ce mode.

Ce transceiver a été conçu de manière à n’offrir que l’indispensable, il est très dépouillé. Inévitablement cela occasionne parfois un certain manque de confort, c’est particulièrement vrai pour les opérateurs CW qui vont souffrir de la sélectivité SSB et de la commande émission/réception qui impose de passer de la position REC à CW et vice versa. Il conviendra alors à ceux-ci de réaliser le montage décrit dans la notice et comportant deux diodes et un inter double.
Le récepteur est très robuste aux signaux forts, pourvu d’une d’une bonne BF (un bon vieux LM380) même sur le HP intérieur, il est agréable à utiliser, en revanche et c’est à mon avis un point noir, le CAG dérivé de la BF le pénalise. Sur tout récepteur on doit utiliser le gain HF (le mal nommé et quand il existe) de manière à réduire le gain de la chaîne de réception, cela offre l’avantage d’avoir un récepteur silencieux et de moins solliciter le CAG. C’est encore plus vrai sur un Atlas 210X. Il faut vraiment réduire le gain pour ne pas entendre une légère distorsion sur l’attaque des syllabes sur des signaux forts. Nul n’est parfait.

Il a été rapporté par les utilisateurs de nombreux problèmes de PA se traduisant par le trépas rapide des transistors de puissance. Il faudrait refaire le calcul concernant le dissipateur thermique pour infirmer ou confirmer l’impression qu’il paraît bien petit pour dissiper tant de chaleur. En émission SSB un tant soit peu soutenue, sa température s’accroît très rapidement et il ne semble pas être en mesure d’évacuer la chaleur produite. La nature ayant horreur du vide et l’électronique des températures élevées, une bonne initiative consiste à installer un ventilateur 12 V et à souffler le radiateur. Cette simple précaution permettra à vos transistors de vivre aussi vieux que vous. La puissance normale d’un 210X sur les bandes basses est de 80 W, elle chute vers 50W sur 10m.


Les télégraphistes qui n’ont pas été particulièrement gâtés avec cet appareil noteront qu’ils ne pourront pas pratiquer leur mode préféré sur 10 m, la bande couverte commençant en effet à 28,4 MHz.

En conclusion :

L’ATLAS 210X est un petit transceiver (même encore aujourd’hui) s’il s’agit d’évoquer ses dimensions, sur le plan radioélectrique c’est un appareil plaisant. Naturellement, de par son concept et sa destination, le portable et le mobile, il n’offre pas le confort d’un transceiver plus élaboré et peut même être parfois contraignant à utiliser en CW.

C’est un appareil que l’on peut encore dépanner, tous les composants sont très classiques, on les trouve très facilement. On peut même lui apporter quelques modifications utiles, je vous engage à consulter le site de PA0FRI http://www.xs4all.nl/~pa0fri/Mods/Atlas215/AtlasEng.htm  
qui regorge de bonnes idées.

Si vous souhaitez en acquérir un, n‘hésitez pas à vous déplacer pour l’essayer, vérifier le système d’entraînement du VFO qui doit être doux, vérifier la stabilité du courant de repos, testez-le en émission sur toutes les bandes en vous écoutant sur un récepteur. Ces transceivers ont été vendus à une époque à laquelle les radioamateurs n’hésitaient pas à modifier leurs appareils, on peut avoir autant de bonnes surprises que de mauvaises.

Sa robustesse, sa simplicité, sa fabrication de qualité, sa consommation très raisonnable et ses dimensions réduites ont été les clefs de son succès dans les années soixante-dix, quatre-vingts, toutes ces qualités demeurent. Cet appareil a fait le bonheur de nombreuses expéditions dans des endroits exotiques et modérément hospitaliers. Si vous êtes un tantinet nostalgique ou collectionneur de matériel un peu ancien et néanmoins opérationnel, l’ATLAS 210X est fait pour vous.


 


 
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